
Nos premiers jours à Madagascar sont derrière nous – et nous n’avons pas chômé depuis le début !
Nous avons passé le week-end dans la pittoresque ville d’Ambodifototra, située sur l’île de Sainte-Marie. Nous avons assisté et documenté le festival de musique local, le Festival des baleines, organisé en l’honneur des baleines qui arrivent près de Nosy Boraha (c’est le nom local de la région) en juillet et en août. Le festival rassemble des groupes de musique de plusieurs régions de l’île. Avec les habitants, nous avons écouté la musique traditionnelle malgache, observé les danses expressives, admiré les costumes colorés et savouré les succès populaires des artistes malgaches. Nous avons tous partagé un immense sentiment de bonheur, connu ici sous le nom de falifaly.
Nous avons réussi à interviewer le duo d’ouverture des deux jours du festival, Vola Soa, qui se traduit librement par « Bonne monnaie ». Deux sympathiques musiciens d’une soixantaine d’années – Tamba Norbert et Jean Louis – nous ont fait découvrir l’univers de la cithare valiha, dont Tamba est un virtuose. C’est l’instrument phare de la région, au son délicat qui rappelle un peu le banjo, décrit par les artistes comme « la musique de tout Madagascar ». Les instruments valiha sont principalement fabriqués en bambou ou en tôle, celle utilisée pour la construction des toits. Ils accompagnent toutes les occasions heureuses : mariages, fêtes familiales, nombreux rituels. À l’aide du valiha, il est également possible de mettre les gens en transe sous le couvert de l’obscurité (mais pas exclusivement). Tamba a décoré lui-même l’instrument avec des peintures de la lune et des étoiles ; comme l’ont expliqué les musiciens, en jouant de la valiha, il est nécessaire de se connecter aux corps célestes avec son esprit, afin de montrer du respect et de la révérence aux esprits des ancêtres et de la nature. La communauté locale vit en proximité et en harmonie avec la nature, ce qui se reflète dans divers aspects de leur vie et se traduit dans leur approche de la pratique artistique. Jean accompagne Tamba et crée la couche rythmique sur un tambour appelé bingy. Il s’agit d’un djembé de petite taille accompagné d’un hochet kaiamba fabriqué à partir d’une vieille boîte de conserve en métal.

Le duo joue ensemble depuis presque toujours, soit depuis 40 ans. Bien que l’activité quotidienne des musiciens soit l’agriculture, la musique est leur plus grande passion et leur plus grande joie. Jouer pour les gens les rend heureux et leur permet de donner du bonheur aux autres. Comme ils l’ont déclaré, « lorsqu’une personne est triste, elle n’a ni la force ni l’envie de bouger et de danser ». Valiha aide tout le monde à ressentir le falifaly: se plonger dans des danses joyeuses, vivre le rythme et la musique avec tout son être – ressentir la vraie joie de vivre, sans entraves.
À suivre…
































Photos de Łukasz Smoluch