
Bonjour ! Un autre exemple de pratique traditionnelle malgache est le famadihana (localement okatrarana), l’exhumation rituelle des restes humains avec réinhumation. Nous avons eu l’occasion d’observer cette cérémonie dans le village d’Ambatorao, dans la partie nord de l’île Sainte-Marie.
L’événement s’ouvre et se clôt officiellement par une kabary – un discours public prononcé par un groupe d’anciens du clan (famille ou village). Au cours de la cérémonie, qui est l’une des plus anciennes traditions malgaches, les restes d’un homme enterré il y a cinq ans étaient déterrés. Le rituel représente l’étape finale du passage de l’esprit du défunt dans l’au-delà et consiste à retirer les os de la terre, à les envelopper dans un lamba (tissu traditionnel) blanc pur et à les déposer dans un sarcophage en béton avec du rhum, du parfum, de l’argent et d’autres objets. Au cours de ce rituel, les restes des autres défunts étaient également transférés des sarcophages en bois vers les sarcophages en béton. Cette activité ne peut être réalisée que pendant le famadihana – la visite du cimetière dans d’autres circonstances est taboue. L’esprit du défunt (lolo) est actif et peut être dangereux pour les vivants. Avec le temps, il se calme, se « neutralise », grâce aux prières propitiatoires, toujours effectuées pendant la partie officielle du famadihana – pendant le joro (prière effectuée par un hommes âgé).

La fête est un moment important de la vie de la communauté, réunissant des familles entières. Elle a un caractère joyeux – les célébrations comprennent des danses, des chants, la consommation d’alcool et l’intégration au sens le plus large. Cette atmosphère accompagne à la fois les cérémonies qui se déroulent dans le cimetière et la procession qui se dirige en direction de la maison du défunt, où se termine la partie officielle de la cérémonie. Ensuite, les fidèles continuent à faire la fête toute la nuit, épuisant le stock d’alcool accumulé par la famille du défunt.
Dans la culture malgache, la mort ne représente pas la fin de l’existence humaine – les morts sont « toujours vivants » et peuvent influencer le bien-être des descendants. Le culte des razana (ancêtres) et de leur terre s’exprime dans les différentes activités de la vie quotidienne et organise l’attitude vis-à-vis du monde qui les entoure ; même ceux qui quittent Madagascar souhaitent revenir ad fontes et être enterrés sur leur terre natale.






























Photos de Joanna Kwapień, Łukasz Smoluch